Le tutorat : une identité valorisée
Qu’est ce qui est nouveau ? Qu’est ce qui a changé ? : La professionnalisation des tuteurs !
Les tuteurs sont souvent confrontés à une logique difficile entre production et formation. En valorisant le tutorat, les instances affirment la nécessité de rendre intelligible le réel pouvoir professionnalisant du stage. En effet, l’Instruction N°DGOS/RH1/2016/330 du 4 novembre 2016, relative à la formation des tuteurs de stages paramédicaux (parcours de 28h minimum) définit les critères d’un stage qualifiant et professionnalisant. Elle précise les 4 compétences à construire pour un tuteur : compétences sociales et relationnelles, compétences pédagogiques, compétences réflexives et compétences organisationnelles.
Plus que montrer sa pratique, évaluer des savoir-faire, s’enrichir de la rencontre et de la remise en question suscitées par les étudiants, le tutorat devient une véritable fonction à plusieurs facettes
1/ Le tuteur–sachant
Ne peut prétendre au titre de tuteur, qu’un professionnel expérimenté pouvant mener en son activité proprement dite et la fonction tutorale. Il est donc en double tâche.
C’est un professionnel qui, aidé par la formation, a pris conscience de sa compétence. Ainsi il devient le maître-sachant qui sait expliquer ses prises d’informations sur les situations, qui sait les croiser avec des savoirs théoriques et des savoirs d’expérience, qui sait anticiper des conséquences, prendre des décisions, les contrôler et enfin les évaluer tout en dirigeant le parcours professionnalisant.
C’est un professionnel qui, aidé par la formation sait écrire les situations emblématiques de son service par la méthode de l’instruction au sosie, pour mettre à jour les compétences essentielles. Elles lui servent à montrer le travail, à évaluer la progression d’un étudiant, à échanger sur les différentes façons de faire, à révéler les invisibles du métier qui sont les clés de la réussite et de l’excellence du soin. Un bon tutorat se fonde sur des situations de travail variées et diversement exploitées.
2/ Le tuteur « congruent cognitif[1] »
C’est un tuteur qui sait gérer à la fois une proximité chaleureuse essentielle à l’apprentissage : « L’affectivité précède l’intelligence[2] » et l’exigence sur les apprentissages, l’attitude, le respect du contrat didactique. Il sait qu’apprendre demande des efforts, suscite des doutes et des remises en questions. Il sait qu’apprendre, c’est oser, recommencer, analyser, évaluer et recommencer encore. Il est doté d’un ensemble d’outils pour évaluer la progression, la capacité, les ressources de la compétence. Il s’est fait du portfolio un ami. Celui-ci ne lui fait plus peur. En formation, il a décortiqué les intitulés de compétences et a trouvé par compétences, des indicateurs spécifiques à son service au regard des critères. Il sait qu’évaluer, c’est mettre en valeur, relever la valeur.
C’est un tuteur qui aidé par la formation sait décoder les besoins relationnels et amener un une posture autonome.
3/ Le tuteur-organisateur
La planification des activités de stage exige les mêmes efforts et les mêmes précautions que la construction d’un programme de formation : objectifs d’évolution, objectifs intermédiaires, activités, évaluation et feedback ciblés. Les objectifs doivent être précis. L’étudiant ne devrait plus deviner ce qu’on attend de lui en termes de progressivité. Le tuteur aidé par la formation a construit et rassemblé des outils de suivi, planifié des rencontres, sollicité ses collègues, créé une alliance avec les formateurs des instituts.
4/ Le tuteur-réflexif
L’instruction N°DGOS/RH1/2016/330 du 4 novembre 2016, précise que le stage a pour objectif premier, de développer la capacité réflexive de l’étudiant.
La question est :
Que fait un étudiant en stage ? Est-il au travail ou est-il préoccupé à l’idée d’apprendre ?
On le sait, « Les élèves, les apprentis, sont souvent plus préoccupés par la recherche de la réussite de l’action plus que par sa compréhension. Ce qui compte, c’est la façon de faire qui permette d’obtenir un résultat rapide, concret, flagrant. Ce qui est privilégié en situation professionnelle est l’atteinte de résultats. Elle correspond à une caractéristique du fonctionnement humain qui cherche une activité à coût minimal »[3].
Le tuteur, aidé par la formation, sait manier l’art de la question. Il sait que, de la qualité de ses questions naîtra la qualité du raisonnement et de l’argumentation de l’apprenant. Il questionne sans cesse, pour valoriser, pointer une erreur, chercher des intentions, des besoins, faire prendre conscience de ce qui fait la réussite des actions, pour que l’étudiant apprenne du travail.
Ce qui compte le plus pour lui, ce n’est pas que l’étudiant réussisse, c’est qu’il raisonne pour être un professionnel qui ne soit pas juste un applicateur mais capable de décider au bon moment, de la meilleure des façons.
C’est grâce à la diversité de ces facettes et l’acquisition des compétences associées que le stage sera réellement le lieu de construction des compétences professionnelles !
Par Hélène BELOU
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