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L’Éducation Thérapeutique Développementale : nouvelle approche en éducation et santé face à la maladie chronique

4 juin 2014
L’Éducation Thérapeutique Développementale : nouvelle approche en éducation et santé face à la maladie chronique
De tout temps, la santé et la maladie ont été au cœur des préoccupations des humains engendrant des tensions de valeurs entre la place de l’homme et l’ordre économique. Ces tensions ont été génératrices d’impasses ou de création. On observe pour chaque époque, une approche de la santé ou de la maladie en cohérence avec l’influence des Sciences et des Découvertes du moment, des préoccupations sociopolitiques et développementales des sociétés. Les réponses apportées se sont d’abord inscrites sur l’expérimentation et la recherche. Elles ont débouché sur une conception biomédicale de la santé où l’importance a été donnée aux compétences du médecin et à sa capacité à « arrêter » la maladie. Ainsi cette conception s‘appuie sur son pouvoir face au patient qui subit tant le médecin que la maladie. Le médecin, personnage central de la vie ou de la mort du patient, est mis sous pression : il est puissant quand il guérit et impuissant quand le malade ne survit pas. La réduction de l’impasse socio-économique que subit tout soignant et tout patient passe par l’ouverture vers une conception biopsychosociale de la santé qui libère de la pression en redonnant davantage de place au patient notamment par l’éducation thérapeutique. L’objectif est d’ouvrir un espace aux compétences du patient par un accès aux procédures de soins et à l’éducation aux soins. 
Mais alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Nous proposons un nouveau modèle que nous nommons « l’éducation thérapeutique développementale » (Revillot, Devillers, 2013). Il n’est pas à positionner comme le « bon » modèle par rapport à d’autres qui ne seraient pas méritoires mais comme celui qui s’inscrit dans la continuité de l’éducation thérapeutique. Nous postulons qu’il libère de la pression et de la mise sous tension des objectifs fondamentaux (liés aux soins) et des objectifs de survie (économiques). Recentrer les interventions sur le patient et sur son projet de vie permet de se focaliser sur l’importance de son existence. 
Synthèse des 3 modèles de l’éducation en santé :
 
  1. L’information thérapeutique : Ce modèle s’appuie sur une conception biomédicale de la santé centrée sur la vie et la survie où il s’agit de prendre en charge le patient pour lutter contre la maladie, ses complications ou la mort toujours possible. Le soin éducatif consiste alors à savoir informer, mobiliser des savoirs experts et les transmettre avec pédagogie pour faciliter l’intégration de ces savoirs par le patient. Cette conception est donc fondée sur le savoir et les normes du soignant qui construit un projet « sur » le malade à un moment où ce dernier n’est pas à même de se constituer comme sujet. Il est venu pour recevoir des soins, être soigné et il a donné son accord pour cela. Cette phase permettra d’identifier les Prérequis et de les contractualiser pour mettre en œuvre l’éducation thérapeutique.
  2. L’éducation thérapeutique : Ce modèle s’appuie sur une conception biopsychosociale de la santé centrée sur les soins où « l’éducation thérapeutique » est au cœur de cette conception pour développer l’observance, le coping, l’alliance avec le patient ainsi que l’intégration d’un savoir-faire à partir de procédures de soins. Cette conception permet au patient de se constituer comme sujet et de développer son autonomie parce que l’urgence vitale est gérée et qu’il s’agit alors de construire un projet de soin « avec » lui. Il est co-créateur de son éducation parce qu’il s’appuie sur ses savoirs d’expérience de la maladie que le soignant fait émerger. 
  3. L’éducation thérapeutique développementale (Devillers, Revillot, 2013) : Ce modèle s’appuie sur une conception biopsychosociale de la santé centrée sur le « comment vivre » à partir des besoins du patient et de ses conceptions de la qualité de vie. Il s’inscrit dans le prolongement de l’éducation thérapeutique. Dans ce modèle, le malade va repenser son mode de vie en projet de vie*  en intégrant la vie avec les soins. Il s’agit donc ici d’accueillir le projet « du » patient et de l’orienter vers une interdépendance. Les prémices de ce modèle perceptibles dans des travaux de recherche antérieurs (Revillot, 2006) sont symbolisées dans le rapport existentiel et temporel que l’homme entretient avec la maladie chronique. Ainsi, un conflit est soulevé entre le désir d’exister du malade et sa souffrance qui s’accompagne d’une difficulté de choix. C’est là que les compétences du soignant s’avèrent être fondamentales pour reconnaître le patient dans sa singularité et l’accompagner dans son projet de vie dont la maladie est expression de sa réalité. 
Conclusion
 
L’existence et le cheminement du patient sont rendus possibles par la conjugaison des modèles en éducation et santé : dans le premier modèle, l’existence se traduit en termes de survie et de vie, dans le second en termes d’acteur et dans le dernier en termes de développement.
Le projet de vie est une co-construction issue d’un dialogue régulier entre les pertes (liées à la maladie) et les ressources de la personne. Cest une projection de la personne malade vers son avenir à partir de ce qu’elle vit. Le projet de vie redonne et permet l’espace de vie où la création peut s’exprimer (Revillot, 2001).
Actualité issue d’une communication de JM REVILLOT au Colloque « Information et santé mentale » de Colmar, 13 et 14 mars 2014
Auteur : Jean-Marie REVILLOT

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