L’essor de la recherche clinique en France : enjeux et perspectives
L’histoire de la recherche clinique en France*
La recherche clinique s’est construite en France sur 2 axes, un axe médical et un axe infirmier.
- Du côté médical, la recherche a souvent opposé la question de la science et de l’art. En 1841, avec l’exposition de l’anatomie, la médecine signe le début de la recherche scientifique. Elle va être une recherche de laboratoire avant d’être clinique. En 1950, la science expérimentale de Claude Bernard facilite l’ancrage d’une conception biomédicale de la santé. En 1958, on assiste à la fusion de la faculté de médecine et de la clinique qui donne naissance aux CHU. Puis en 1964, l’INSERM est crée. Le retour à la clinique va s’opérer en 1990. A ce jour, la médecine est une science même si elle peut aussi être un art. On peut l’identifier notamment à partir de la promotion de la santé et des questionnements éthiques que cela suscite dans les formations et la recherche.
- Pour la recherche infirmière, les premières descriptions sont données par Florence Nightingale, avant que n’apparaisse la première revue de recherche en 1952. Les premiers modèles de soins voient le jour dans les années 1960. L’OMS encourage en 1966 le développement de la recherche en soins infirmiers. Les sciences infirmières existent donc depuis plus de 50 ans. Le but de la recherche aujourd’hui est de favoriser les va-et-vient entre savoirs et pratiques professionnelles et de formaliser ces savoirs.
Ainsi, au regard de l’histoire, la recherche clinique a trouvé aujourd’hui ses lettres de noblesse au sein des parcours de formation et de l’activité professionnelle qu’elle contribue à développer et valoriser :
Concernant la formation, cela se traduit par :
- Les accords de Bologne (1999) qui se sont concrétisés par le développement d’un parcours LMD (Licence, Master, Doctorat).
- Le nouveau programme des études infirmières et paramédicales (2009).
Concernant le développement dans les unités de soins, cela se traduit par :
- Les programmes de recherche hospitaliers notamment le Programme Hospitalier de Recherche Infirmière et Paramédicale (PHRIP). Celui-ci a pour objectif de soutenir et de financer des recherches en soins pour améliorer les pratiques professionnelles. Il vise aussi le développement de connaissances en soins infirmiers. En ce sens, il favorise une reconnaissance et une légitimité des travaux de recherche mais aussi des équipes de soins. Les champs privilégiés sont la clinique, (notamment en 2011, l’éducation thérapeutique, la réhabilitation, les soins palliatifs) mais aussi la gestion des soins et la formation des professionnels.
Qu’est ce que la recherche clinique ?
C’est une quête systématique qui vise :
- à dégager de nouveaux savoirs au bénéfice des patients et des familles,
- à promouvoir la santé, la prévention des maladies, les soins aux individus à tous les âges.
Cette recherche en soins pluriprofessionnelle est indispensable pour promouvoir et développer les pratiques, faire avancer les savoirs en vue d’améliorer les soins et de contribuer à faire remonter des informations dans le cadre du développement de la politique de santé.
Les principales caractéristiques d’une recherche clinique peuvent se décliner ainsi :
- Les problématiques qu’elle questionne sont des problématiques du soin.
- Des règles déontologiques doivent être respectées.
- Une inscription dans une éthique du sujet est fondamentale.
- Le statut scientifique des connaissances et des méthodes est légitimé par des publications.
- La recherche s’organise en pluridisciplinarité.
Pour les professionnels paramédicaux, notamment infirmiers, la recherche est un moyen pour prendre de la distance, tisser les liens entre théories, savoir-faire et savoir-être et questionner leurs pratiques. En ce sens, elle est en lien étroit avec une démarche qualité et la professionnalisation des soignants. Se mettre en situation de chercheur, c’est changer de posture pour analyser ses pratiques et produire de la connaissance communicable et ayant un intérêt scientifique et professionnel.
Les démarches et les méthodes marquantes de la recherche clinique que nous privilégions prennent en compte deux impératifs éthiques :
- Le respect des personnes, le rapport Belmont de 1979 définit des principes éthiques : un consentement éclairé, une évaluation des avantages/risques pour participer à une recherche clinique mais aussi une réflexion approfondie sur la manière de sélectionner les sujets de la recherche. De quel droit, un malade contraint de venir à l’hôpital va-t-il être objet de recherche ?
- Le respect des méthodes scientifiques, ceci oblige d’abord à s’interroger sur le choix d’une méthode de recherche : explicative ? compréhensive ? Une méthode explicative c’est-à-dire hypothéco-déductive cherche à vérifier de manière expérimentale une hypothèse alors qu’une méthode compréhensive c’est-à-dire qualitative est davantage tournée vers les significations de cas cliniques. La compétence en recherche est de choisir la méthode la plus cohérente à son objet de recherche.
En conclusion, accompagner les formateurs, les étudiants et les professionnels dans le développement d’un programme de recherche hospitalier offre l’opportunité de :
- Réinterroger et nourrir les pratiques.
- Consolider la méthodologie et les critères de qualité de ces projets de recherche.
- Préciser et valoriser les résultats attendus et obtenus.
- Développer les sciences infirmières et paramédicales en France.
C’est dans ce sens que le GRIEPS et ses formateurs se sont positionnés dans le développement de programmes de recherche, y compris en participant auprès du ministère en étant évaluateurs et rapporteurs des programmes PHRIP.
*Cette information s’appuie pour une part sur des interventions du colloque de Limoges de septembre 2011 autour de la recherche paramédicale.