Jeu et mémoire : accompagner la maladie d'Alzheimer autrement
La maladie d’Alzheimer est un trouble neurocognitif majeur qui touche plus de 1 million de personnes en France. Au-delà d’un challenge médical, il s’agit d’un challenge sociétal et humain. En effet, les conséquences de cette maladie impliquent des innovations de prises en soin. Si la science a encore beaucoup de mal à trouver les traitements, qu’en est-il des thérapies alternatives dites non-médicamenteuses ? Quels sont les effets des prises en soin non-pharmacologiques ? Peut-on considérer le jeu, le ludique comme un médiateur destiné à stimuler les capacités cognitives, motrices et sociales du patient atteint de la maladie d’Alzheimer ?
Et si on jouait ?
Le jeu est souvent perçu comme une activité enfantine, dénuée d’intérêt, comme une sorte de futilité ou de frivolité. L’activité ludique s’entend comme une activité secondaire, destinée à une simple récréation. Elle est, bien souvent, considérée comme quelque chose d’infantilisant.
Pourtant, comme le dit le dramaturge G.B. Shaw : « On ne s'arrête pas de jouer parce qu'on devient vieux ; on devient vieux parce qu'on s'arrête de jouer. » Entendons au travers de cette réplique la dimension intergénérationnelle du jeu et surtout sa capacité à fédérer, à rassembler et tout simplement, peut-être, à exister. Exister c’est vivre des émotions, des relations, des sentiments, des pertes et des victoires. Le jeu a la faculté de rassembler tous ces vécus. Jouer, c’est aussi vivre.
On joue donc à tout âge et ces histoires ludiques font partie intégrante de nos histoires de vies, le jeu s’entremêle à la culture, une culture personnelle, un patrimoine de vie. Les jeux enfantins s’inscrivent dans notre héritage et construisent notre identité, souvenez-vous des jeux qui ont bercé votre enfance ! De ces parties de cache-cache, de balle aux prisonniers, de marelles ou de billes, ces souvenirs sont innombrables et construisent notre moi intérieur, notre singularité.
« Dis-moi comment tu joues, je te dirais qui tu es. » Les manières de jouer montrent des façons d’être, des manières de se comporter, le jeu met en exergue des compétences et des potentialités. Il favorise finalement, en tant que médiateur, une découverte de la personne, une sorte de livre ouvert.
Le jeu : une activité sérieuse
Le jeu peut apparaître comme futile mais il s’associe aussi volontiers à des termes plus sérieux comme l’éducation, la pédagogie, l’apprentissage ou encore la stimulation. On peut souvent entendre que le jeu favorise la mémoire, la concentration, la motricité fine, la relation à l’autre… In fine, le jeu serait donc à la fois un support au délassement et à l’amélioration de compétences, quel paradoxe étonnant !
Si quelques activités ludiques traditionnelles résistent en institution ou au domicile (cartes, mémo ou Scrabble®), le jeu tarde globalement à se faire une vraie place et à s’inscrire comme activité nécessaire à la personne. Lorsqu’il est présent, les professionnels manquent encore de maîtrise quant à son usage : peu de valorisation, manque de connaissances, peur de l’infantilisation, difficulté à transmettre des règles de jeu… Aussi, les activités jeux sont souvent délaissées ou utilisées de manière trop directives. L’objectif va être d’intervenir auprès des professionnels pour leur apporter le cadre nécessaire à l’utilisation des techniques ludiques d’animation.
Le jeu dans la pathologie Alzheimer
Il n’existe pas de jeux spécifiques ou réservés aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Tout support ludique peut être utilisé à condition de savoir l’adapter. Chaque personne est unique et son état va évoluer selon le stade de la maladie. Il s’agit de prendre en compte chaque histoire personnelle mais aussi toutes les compétences, aptitudes et savoir-faire de la personne pour ajuster la mise en œuvre de ses animations et les rendre accessibles.
Les objectifs inhérents à l’utilisation du jeu comme outil de médiation thérapeutique sont nombreux et permettent de nourrir l’ensemble des fonctions cognitives
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En conclusion
Le jeu est avant tout, auprès des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, un moyen de lutter contre l’ennui et l’isolement. Pourtant, outre ses vertus sociales, l’accès aux loisirs est un levier important dans la stimulation cognitive pour maintenir voire renforcer les compétences du patient. Le déploiement d’activités ludiques auprès des seniors est devenu un enjeu majeur, aussi, l’intérêt et la fonction du jeu ne sont plus vraiment à démontrer. Le pari est bien de pouvoir adapter ses activités à chaque personne en fonction de ses compétences, besoins et histoire de vie.
Pour aller plus loin avec le GRIEPS
- Maladie d'Alzheimer et jeu : médiation thérapeutique par le ludique
- Maladie d'Alzheimer ou pathologies apparentées
Par Ludovic MISURA, Ludologue, intervenant au GRIEPS
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